16/08/2012

dans la rivière des outaouais


Chaque année, il recommence. Depuis 1986, John Ceprano, artiste d’origine toscane, refait ses sculptures de pierres balancées qu’il prend dans la rivière des Outaouais, dans un parc à Ottawa. Tous les jours, cet homme reprend son travail en plein air, les pieds dans l’eau, jusqu’à l’arrivée de l’hiver. Persévérer ? Défier l’éphémère ? Les deux sans doute. Peut-être aussi la quête d’un équilibre, l’idée que ce qui nous vient de la nature – la pierre – retourne dans la nature. Clin d’œil aux cycles de la vie et de la mort : au printemps, une vie nouvelle et un nouveau projet démarrent.

Marchant parmi les statues, j’ai eu l’impression presque palpable que les formes, les figurines – j’y voyais des oiseaux ou un castor ou une belette.. – prenaient vie ; étaient vivantes. Un petit vent soufflait, c'était assez irréel d’être là, dans ce lieu que j’aurais pu ne jamais connaître (il est sur une voie peu fréquentée), à contempler ces statues de pierre, droites ou inclinées, petites ou grandes, qui émanaient une sorte de fierté, un je-ne-sais-quoi qui leur donnait une aura de sacré, d’ancien. Pourtant, ces pièces avaient été pensées pour disparaître avec les pluies d’automne, et voici que rien de leur vulnérabilité ne semblait transparaître. Pour moi, elles resteraient là, et pour longtemps. Certes la mission de l’art est de nous faire rêver, imaginer, divaguer... Ce soir encore, je pense à John Ceprano et à ses statues qui font désormais partie du paysage. Par-delà les images, j’éprouve un mélange d’émerveillement et de tristesse. Je les vois là demain, après-demain.. jusqu’à la première neige ; silencieux, pensifs. Les journées raccourcissent et il fera bientôt assez froid. Eux, ils seront toujours là ; dehors, au bord de la rivière des Outaouais. 






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